La brioche au potimarron et conte d’automne
Simon avait une fille au doux nom de Cendrine. Elle répondait à tous les critères de beauté pour être élue Miss Machin Truc, sauf peut-être à y regarder de plus près cette lueur d’intelligence qui lui faisait cruellement défaut. Elle fréquentait une espèce de petite frappe qui se faisait appeler Jack la terreur. Et il va s’en dire que Marnie le craignait surtout quand il s’approchait un peu trop près pour “tâter de la chair” comme il disait. “Ça sonne creux, ya rien la dedans, comment cette horreur peut peser autant” et il partait d’un grand éclat de rire idiot.
Un jour, Cendrine revint de la ville avec sa mère les bras chargés de sacs. La fête du village précédait la fête de la citrouille. Il fallait qu’elle soit la plus belle pour aller danser. Ses parents lui donnèrent la permission de minuit. Minuit et pas une minute de plus lui intima son père. Elle jura qu’elle serait rentrée juste avant minuit. Simon l’esprit tranquille partit rejoindre sa protégée, ils restèrent un moment ensemble, en sachant que le lendemain sonnerait l’heure de la séparation. Il emmitoufla Marnie d’une couverture, lui souhaitant bonne nuit et partit rejoindre sa femme.
Jack quant à lui, sur son 31 était assez contrarié. Son père n’avait pas voulu lui prêter sa voiture. Comment sans véhicule allait-il pouvoir draguer sa dulcinée. Question qui n’allait pas rester sans réponse trop longtemps. Le roi René, son meilleur pote, venait de lui trouver la solution : Marnie ! Quoi Marnie ? Ben oui Marnie, on lui met des roulettes sous le ventre, on la creuse un peu et roule ma citrouille, bon c’est vrai ce n’est pas le carrosse dernier cri, mais quand même, imagine la tête de Cendrine quand elle te verra arriver dans ce char, tel un Ben Hur des temps modernes, c’est sûr mon gars, elle va dire oui à tout. Le problème c’est peut-être son père, mais sa citrouille tu lui rends demain, il n’y verra rien, on referme le couvercle et que je t’embrouille”
La chose ainsi décidée, Jack et René lobotomisèrent Marnie qui ne put se défendre. Et la voilà chaussée de patin à roulettes, roulant sur la route en direction du village et de la fête. Au volant Jack et derrière tel un laquais René. Cendrine fut émerveillée par l’idée de génie de ces deux fripouilles et pas à un seul moment, elle pensa à son père et à son chagrin de ne pas retrouver sa citrouille bien aimée. Quant à la souffrance de Marnie, peu lui importait. Elle avait jusqu’à minuit et comptait bien en savourer chaque instant.
Le carrosse bringuebalait sur la route aux trop nombreux nids-de-poule. Les 3 écervelés riaient en buvant des bières. C’était la fête, il faut que jeunesse se passe. Et puis là, juste devant, un virage, une légère descente, un chêne centenaire, le fracas et la dernière pensée de Marnie fut pour son fou d’agriculteur pour qui elle avait réussi juste avant le concours de lui cacher le kilo qu’elle avait pris.
Attirés par le bruit, tous les villageois se ruèrent sur le lieu de l’accident. Simon se précipita sur sa fille assise jambes écartées, recouverte de graines et de chair visqueuse de Marnie. Sa fille riait bêtement mais le principal était qu’elle ne soit pas blessée. Jack et René, s’en sortaient eux aussi pas trop mal sauf leur amour propre qui en prenait un sacré coup, surtout qu’un journaliste photographe immortalisa la scène. Ça ferait c’est sûr la une de la parution de demain.
Quant à Marnie, ses 929 kg de chair, de peau et de graines s’étalèrent sur la route. Simon réalisa que, plus jamais il n’aurait un moment de complicité avec Marnie et il pleura. Sa femme s’approcha de lui le prit dans ses bras pour le consoler. Mais elle savait qu’il faudrait au moins un an avant que son époux reprenne confiance.
Le lendemain du drame, Simon alla sur la parcelle où hier encore Marnie avait pris ses aises. Il renifla et cherchant un mouchoir, il trouva une graine. Il souria, devinant que sa femme sa bonne fée comme il l’appelait et Marnie avait pris soin de transmettre la lignée des championnes de courges, en plaçant dans sa poche, cette graine trouvée sur le lieu de l’accident.
Dans quelques mois c’est sûr il sera sur la plus haute marche du podium, il se devait de réaliser son rêve pour Marnie.
Épilogue :
Cendrine et Jack se sont mariés. En cadeau de mariage on leur a offert un cabriolet. Le chêne centenaire, avait reçu un fameux uppercut mais c’était la vie d’un vieil arbre au tournant d’une route. Quant à René, il était à la tête d’une boutique de farces et attrapes dans une ville à quelques centaines de kilomètres.
La femme de Simon était assise sous la tonnelle, des aiguilles à la main, elle tricotait non pas une layette mais une grande couverture.
Simon d’un geste attendrissant caressa sa nouvelle citrouille, elle venait de prendre 3 kg en quelques jours. Loin encore du poids de sa mère mais il y avait de l’espoir.
Le soleil allait se coucher, la nuit serait douce.
Préparation : 20 minutes | Cuisson : 1 heure + | 8 personnes
Ingredients
Instructions
Laver et couper en deux sans l’éplucher le potimarron. Retirer le centre avec toutes les graines. Découper en quartiers. Les déposer sur une plaque et faire cuire environ 45 minutes.
Dans le bol du robot muni du crochet, mélanger les oeufs avec les 2 C à S d’alcool et 250 g de purée de potimaron. Verser la farine, le sucre, le sel et les épices . Commencer à pétrir vitesse 2 ajouter la levure et continuer le pétrissage pendant 4 minutes. Ajouter le beurre pommade coupé en dés et pétrir vitesse 4 pendant 6 minutes jusqu’à ce que la pâte se détache des paroies du bol. Recouvrir le bol d’un film et placer au frais au moins 12 heures.
Sur un plan légèrement farine, étaler la pâte en un long rectangle. Replier en 3. Recommencer l’opération 2 fois. Envelopper la pâte dans un film alimentaire et la laisser reposer à température ambiante 1 heure.